samedi 29 octobre 2011

Première confrontation : Hollande vs Sarkozy (acte I, scène1)

Après l'intervention de Nicolas Sarkozy, le jeudi 27 octobre, voici la réaction de François Hollande dans le Monde du 29 octobre. Cette première confrontation indirecte permet de poser quelques jalons dans la campagne à venir qui est lancée sans être lancée.
Du côté du président en exercice, deux registres : celui du protecteur et celui du décideur. Devant la gravité de la crise, il se présente comme celui qui évite aux Français les déboires grecs et qui est à l'aise dans les phases d'accélération de l'histoire. Sur ces deux registres, — et surtout sur le second — il m'est apparu fort crédible ; et même très bon. En revanche, deux défauts importants dans son discours, ce que n'a pas manqué de rappeler François Hollande. D'abord, le fait qu'il n'est pas sans responsabilité dans la dégradation du déficit français. Certes, le déficit budgétaire date de 1974, mais il n'était pas impossible d'adopter une position plus rigoriste en la matière, surtout avec un premier ministre, qui — avant même la crise — parlait déjà d'un Etat « en faillite ». C'était alors une petite provocation : on mesure le chemin parcouru. L'autre défaut est le silence sur le véritable tournant d'un président élu avec un programme dans un contexte plutôt favorable et qui doit changer de cap quelques mois après : bouclier fiscal, éloge du prêt hypothécaire, (pour favoriser une France de « propriétaire »), non respect des engagements européens en matière budgétaire, … tout cela devient obsolète dans un contexte de crise. Il faudra que Sarkozy trouve un discours convaincant pour expliquer ce virage, au-delà de la nécessaire adaptation pragmatique au temps présent.
Dans sa réponse, François Hollande est donc assez juste dans sa critique — sauf quand il s'autorise une ironie facile (ce sera décidément son grand défaut !) sur la mise en cause sarkozienne des « erreurs historiques de la gauche » (Retraite à 60 ans et 35 heures) : le « pourquoi n'est-il pas remonté à 1936 abc les congés payées, ou même au début du XXe siècle avec la journée de 8 heures et le repos dominical ? » n'est pas la hauteur. Car l'enjeu de la défense du modèle social dans un contexte de mondialisation (et de dumping social) mérite mieux.
Juste dans la critique, François Hollande est moins performant dans la proposition. Il reproche à Sarkozy de n'avoir pas convaincu l'Allemagne sur l'adossement du Fonds de stabilité à la BCE : qu'aurait-il fait de plus pour persuader Merkel ? Il lui reproche d'avoir ouvert la porte à la Chine : n'est-elle pas déjà ouverte ? Il reproche un bricolage fiscal avec un probable taux intermédiaire de la TVA : mais le moment est-il choisi d'un « grand soir fiscal » ? Bref, François Hollande a encore beaucoup à faire pour apparaître comme un gouvernant plausible au-delà de l'opposant brillant qu'il est devenu.
Au final, l'étude des sondages va être intéressante : si Sarkozy ne décolle pas après avoir joué son meilleure registre : un accord à 4 heure du mat. et le G 20 cannois, on pourra dire que ses chances se réduisent. Si les sondages bougent, cela promet un beau match.

2 commentaires:

  1. Facile, facile... Oui si l'on considère tout le corps électoral. Mais politiquement efficace surtout, à l'intérieur de la gauche "plurielle" où le candidat Hollande doit faire ses preuves. J'explique: ces propos sur la cinquième semaine de congés payés, c'est la reprise exacte de ce que disait Cécile Duflot sur son compte Tweeter le soir de l'intervention du Président de la République. C'est donc moins un clin d'oeil ironique qu'une véritable oeillade!

    Amitiés. Laurent Bazin

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