Après l'intervention de Nicolas Sarkozy ce dimanche soir 29 janvier, on y voit plus clair sur les points de clivages qui vont être ceux des trois mois à venir. Du côté du président en exercice, la stratégie est claire : il est aux manettes et il réalise ce que l'autre ne fait que promettre : banque publique d'investissement, réforme de la fiscalité, … Il est crédible dans ce rôle qui constitue un de ses rares atouts : tandis que l'autre rêve, lui agit. Mais ses faiblesses ne sont pas minces : 1) Même si son quinquennat a été bouleversé par la crise, il ne l'a pas senti venir ; 2) Il n'a pas été suffisamment actif pour réduire le déficit public alors même que, dans son camp, des voix se faisaient entendre dans ce sens (Fillon et « l'Etat en faillite » !) ; 3) Son action sur le chômage semble plus volontariste qu'efficace.
Du côté du candidat socialiste, il faut d'abord noter l'extraordinaire renversement opéré en quelques heures dans l'espace public entre un looser prévu et un futur gagnant. Tout cela s'est joué dimanche dernier. Et s'est conforté jeudi avec une excellente prestation sur France 2 et un débat contre Juppé gagné haut la main. J'ai sous-estimé ce renversement dans mon précédent commentaire. Mais il faut garder souvenir de ce renversement magistral, car il pourrait aussi il y en avoir d'autres. EN tout cas, le camp PS a le vent en poupe ; mais attention, ses faiblesses sont aussi importantes. Il y en a au moins trois : 1) Hollande ne peut pas reprocher à Sarkozy sa mauvaise gestion du déficit public, car, dans son programme, l'amélioration de la situation financière de l'Etat est renvoyée au retour de la croissance : grand risque ! et surtout pas grande différence avec Sarko. 2) Hollande a une grande faiblesse sur le plan international. Non seulement il n'émet rien dans ce domaine où il est peu crédible, mais il peut apparaître dangereux dans sa volonté d'imposer une renégociation sur le pacte européen. Cette mise en péril du couple franco-allemand l'affaiblit considérablement vis-à-vis de Sarkozy. 3) La troisième faiblesse concerne l'ambiguité sur la retraite à 60 ans : soit c'est une mesurette technique (assurer une transition pour la génération qui a commencé à travailler tôt) soit c'est un symbolique retour au statu ante. Entre le technique et le symbolique, il faudra choisir.
Sur le plan des personnalités, l'évolution est moins nette, malgré beaucoup d'effort : Sarkozy continue à dire je veux, je fais … même si j'ai fait des conneries que je n'avais pas voulu ! Et Hollande reste l'homme de la synthèse qui a du mal à trancher et à prendre des risques. Mais, après tout, pourquoi en prendrait-il ?
A suivre …
Voir ici même Acte I, le 29 octobre 2011